Au cours de la dernière journée du Taikai, Sensei a enseigné beaucoup de choses sur l’épée chinoise.
Cette épée que nous appelons Jian ou Ken est en fait Tsurugi.
C’est l’arme des guerriers de haut niveau.
Si les Chinois ne porte pas de «social meaning» au jian / ken, il en est autrement pour les Japonais qui, en se référant à Tsurugi, y incluent leur mythe de la création. Comme vous le savez tous, Kusanagi no Tsurugi * fût donnée par Susano à sa sœur, la déesse du soleil Amateratsu. Plus tard, elle l’a donnée à Ninigi no Mikoto **, le grand-père du célèbre empereur Jimmu, comme une preuve de sa filiation divine.
Kusanagi no Tsurugi est l’un des trois insignes des empereurs japonais. ***
Là où « ken » est une simple épée, Tsurugi est liée à la volonté divine.
Sensei a introduit la journée en insistant sur le fait qu’il est impossible de comprendre la guerre japonaise si l’on n’étudie pas les trois types d’épée qui furent crées par l’expertise guerrière japonaise: Tsurugi, Tachi, Katana. Chacune faisant référence à une période spécifique du développement du Japon.
L’utilisation de Tsurugi est si vielle qu’il n’existe pas de techniques écrites survivantes. Elles ont été inscrites sur des peaux d’animaux ou des lamelles de bambou (lames minces) et n’ont pas résisté au passage du temps. Ces périodes étaient parfois chaotiques et le Japon n’était pas un pays, mais un groupe de plusieurs petits clans dirigés par des chefs de guerre.
Sensei nous a expliqué qu’en ces périodes de luttes incessantes, le Tachi était l’arme de prédilection de la caste des Bushi. Le Katana est devenu populaire en temps de paix forcée imposée par Tokugawa Ieyasu (1603) et était donc l’arme du samouraï.
Pour simplifier, seuls Tsurugi et Tachi ont été utilisés en combat et les arts martiaux japonais sont le résultat de l’utilisation de ces armes.
Sensei a ouvert la session du matin en demandant à quelques Jûgodan de présenter leur vision de Chi no Kata, et de là nous sommes passés à Tsurugi. Je dois dire que Tsurugi est vraiment une arme fantastique qui rend vivant notre taijutsu. Nagato Sensei a dit dans sa classe que si vous n’avez pas un bon taijutsu, alors Tsurugi ne pourra pas être utilisé correctement.
Pour commencer sensei a expliqué que Tsurugi est « fixé » à la hauteur de la hanche et a ajouté que le jeu de jambes met naturellement l’épée dans l’attaque de l’adversaire. Il n’existe pas de processus de pensée. L’épée pivote de ce point de contact directement dans l’attaque de uke. En déviant l’attaque, la pointe de la lame est immédiatement pointée vers le corps de Uke. Le mouvement Sanshin de Chi no Kata devient une réaction naturelle et l’intention ne peut plus être déchiffrée par l’adversaire.
Une fois de plus sensei a dit que c’était Mutô dori. Nous savons tous que Mutô dori est une technique où vous êtes désarmé face à un agresseur armé. Donc, il m’a fallu un certain moment pour comprendre exactement ce que sensei était en train de dire. J’ai compris que l’arme était simplement une extension ajoutée au corps. Comme vous ne pensez pas et que le sabre suit les mouvements du corps, vous vous déplacez naturellement, comme si vous n’aviez pas d’arme. Et c’est exactement ce que je voulais dire plus tôt en disant que Tsurugi rend votre taijutsu vivant. Honnêtement, je ne sais pas ce que les gens qui n’ont pas fréquenté la classe peuvent comprendre de ce que j’écris ici. Mais il vous suffit de coller Tsurugi à votre hanche et d’utiliser votre taijutsu, je suis sûr que la majorité obtiendra ce que j’essaie de dire ici.
Pendant la pause du matin, mon ami Elias, qui comme moi avait été utilisé par Soke comme uke, est venu vers moi afin de partager ce qu’il a vécu. La situation à laquelle nous avons eu à faire face était la mêmes. Sensei nous a demandé d’attaquer et nous nous sommes arrêtés immédiatement parce que tsurugi s’est mis à viser (de lui-même) en direction de notre visage. Ce que Elias m’a dit, c’est que la façon dont sensei a déplacé le tsurugi du point de pivotement de la hanche a eu pour conséquence qu’il lui était impossible de voir venir l’épée. Et la raison en était que sensei gardait son coude bas, de sorte qu’aucun mouvement de l’épaule n’a pu être perçu. Et quand vous vous en rendez compte, il est trop tard. Lorsque Soke m’a demandé de l’attaquer, il a modifié un peu son mouvement. Au lieu d’être totalement invisible, il a fait une sorte de Seigan no kamae et a attiré mon attention sur le bout de la lame à quelques centimètres du visage. Puis, dans les deux cas, sensei a déplacé son pied un peu plus en avant et nous a poignardé à la gorge.
Ces deux exemples sont très intéressants car ils résument l’essence du combat avec Tsurugi. Elias n’a pas vu la deuxième étape (avancement du pied) parce qu’il ne pouvait pas voir la lame. Je ne pouvais pas plus m’en apercevoir parce que mon accent était mis sur la lame et le pied était caché par celle-ci. Ces deux exemples démontrent un haut niveau de 見え ない技 Mienai waza, techniques que vous ne pouvez voir. Mais dans les deux cas, la fin est la même, la mort.
Pour résumer cela, Sensei a dit que tsurugi waza suivait un sanshin particulier: pieds, la colonne vertébrale, les doigts. Nous avons déjà expliqué dans divers posts ici l’importance des doigts. Les doigts sont le prolongement de votre mouvement de jambe relayé par la colonne vertébrale. Vous devez être en mesure de changer votre positionnement de doigts tout en déplaçant le corps de sorte que la lame arrive directement à suki 隙 (espace, l’espace, la faiblesse) dans la défense de uke.
La distance est un autre point important. Sensei a expliqué que la différence entre la vie et la mort dans un combat se rapporte souvent à l’épaisseur d’une feuille de papier. Lorsque vous maîtrisez le taijutsu, le corps se déplace à la distance exacte par rapport à uke, ni trop loin, ni trop près. Et lorsque vous ajoutez Tsurugi, votre corps doit trouver la nouvelle distance parfaite pour être bien et assez proche de uké. Une mauvaise distance va créer de nouvelles opportunités pour uké. Une bonne distance stoppe uke entre les deux mouvements.
Après avoir beaucoup réfléchi sur Tsurugi et grâce à cette fantastique journée, je veux partager ici maintenant deux choses qui font qu’il est plus facile pour moi d’utiliser cette épée:
1. Vous n’avez qu’à faire votre taijutsu, la lame se déplace d’elle-même. Oubliez la lame. Par exemple, si vous effectuez une uke nagashi de base, faite le avec tsurugi dans votre main et voyez ce qui se passe. N’essayez pas de faire quelque chose avec l’épée, laisser la agir sur d’elle-même (Muto Dori principe).
2. J’ai parlé avec sensei, mardi dernier, lors de l’entraînement et il m’a confirmé que j’avais raison de penser « Hanbô jutsu » lors de l’entraînement avec Tsurugi. La prochaine fois que vous vous entraînez, utiliser un Hanbô. Lorsque vous avez le bon mouvement, remplacez le Hanbô par tsurugi et voyez comment ils se déplacent identiquement. Tsurugi ne coupe pas sur la majeure partie de la lame, de sorte qu’il n’y a aucun risque pour vous.
La semaine prochaine, je vais enregistrer les bases de Tsurugi pour Budomart et koimartialart, et je vais utiliser toutes les connaissances acquises pour nous rendre facile l’apprentissage de cette arme fantastique.
*http://en.wikipedia.org/wiki/Kusanagi
**http://en.wikipedia.org/wiki/Ninigi-no-Mikoto
***http://en.wikipedia.org/wiki/Imperial_Regalia_of_Japan