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Le Budô Taijutsu est le nouveau nom donné par HATSUMI Sensei à notre art.

Auparavant l’ensemble des techniques travaillées au sein du Bujinkan s’appelait le Ninjutsu. Changement rendu nécessaire par l’image négative des Ninja.

Apparue dans les années 75’, le Ninjutsu a vite connu un essor fantastique. Malheureusement beaucoup de charlatans ont usurpé ce nom pour en faire un art martial critiquable et peu sérieux.

Maître HATSUMI a donc décidé en 1996 de changer le nom de notre discipline en Budô Taijutsu.

Les deux raisons majeures à ce changement sont :

- Le manque de sérieux associé au nom Ninja en occident.
- Le fait que le Bujinkan regroupe 9 écoles anciennes de combat à mains nues et avec armes. De ces 9 écoles (Ryû) seules 3 d’entre elles sont des écoles de Ninja ! Les autres sont des écoles traditionnelles de Samurai.

Si on veut comprendre le Budô Taijutsu, il faut le définir comme un Jû Jutsu Japonais véritable et complet. Comme par le passé, le Jû Jutsu comprend toutes les techniques de combat à mains nues et avec les armes.

- Tantô Jutsu (couteau)
- Jutte Jutsu (bloqueur de sabre)
- Manriki Jutsu (chaîne)
- Tessen Jutsu (éventail)
- Hanbô Jutsu (bâton 1m)
- Wakizashi Jutsu (sabre court)

- Katana Jutsu (sabre)
- Tachi Jutsu (sabre long)
- Jo Jutsu (bâton 1,5m)
- Bô Jutsu (bâton long)
- Yari Jutsu (lance)
- Naginata Jutsu (hallebarde)
- Shuriken (armes de jet)

Budô Taijutsu

Le Bujinkan enseigne du « Ninjutsu » jusqu’en 1995 et sera reconnu pour cela jusqu’à cette date. L’enseignement sera consacré pendant toutes ces premières années principalement au Cycle du Taijutsu, mais le nom de la discipline changera en 1996, on ne parlera plus de « Ninjutsu » mais de « Budô Taijutsu », terme plus générique regroupant à la fois les techniques de Ninpô Taijutsu et celles de Jûjutsu. En effet, parmi les 9 écoles du Bujinkan, seules les écoles Togakure, Gyokushin et Kumogakure sont des écoles de Ninjutsu.

L’enseignement du Bujinkan a souvent été appelé du nom de l’école Togakure qui est la plus ancienne des neuf écoles étudiées en son sein. « Budô Taijutsu » se compose de deux groupes d’idéogrammes : « Budô » - Voie martiale (maintient de la Paix) et « Taijutsu » techniques de combat à mains nues et avec armes. Le nom « Taijutsu » est l’appellation ancienne du Jûjutsu.

Le Budô Taijutsu recherche avant tout l’efficacité maximum dans le minimum de mouvement. Les techniques tirées des écoles ne sont pas des Kata (enchaînement de mouvements) mais des Kihon (bases) servant au pratiquant à exprimer sa compréhension du mouvement naturel. Chaque mouvement permet de créer une multitude d’applications.

Une définition correcte du Budô Taijutsu pourrait être :

"le Budô Taijutsu cherche la fusion du corps et de l’esprit pour la construction de l’être et l’abandon du paraître, en adaptation permanente à l’environnement ».



Christopher Guillou

Le Budô Taijutsu est le nouveau nom donné par HATSUMI Sensei à notre art.

Auparavant l’ensemble des techniques travaillées au sein du Bujinkan s’appelait le Ninjutsu. Changement rendu nécessaire par l’image négative des Ninja.

Apparue dans les années 75’, le Ninjutsu a vite connu un essor fantastique. Malheureusement beaucoup de charlatans ont usurpé ce nom pour en faire un art martial critiquable et peu sérieux.

Ou comment devenir un Etre Humain

Depuis des années que le mouvement Ninja existe, je pense qu’il devient nécessaire de répondre à la question : « Qu’est-ce qu’un Ninja ? ». Les films, les livres ont surtout insisté sur l’aspect « pouvoirs magique » du Ninja ou sur ses capacités à espionner et à tuer. Toutes les exagérations sont sans doute basées sur un fond de vérité mais est-ce la vision de Maître Hatsumi ?

Peut-être qu’il est temps maintenant de chercher à comprendre ce qu’est l’essence du Ninja pour Hatsumi Sensei en ce début de 21° siècle.

« Le Ninja aspire à unir son esprit et ses techniques pour atteindre le « Un » c’est-à-dire à devenir une personne peu commune. Certaines personnes ont essayé de développer des capacités surhumaines au travers de leur entraînement au Ninpô, mais ils ne sont jamais devenus de grands Ninja. Il est relativement facile de devenir un surhomme mais la pratique du Ninjutsu rend surtout les gens plus conscients de la difficulté à devenir des Etres Humains « véritables ».

C’est par cette phrase que Hatsumi Sensei introduit la définition de l’Essence du Ninja (tiré de Way of the Ninja).

Du coup, toute tentative visant à définir le Ninja sur un plan technique uniquement est vouée à l’échec. Le Ninja est avant tout un Etre Humain Véritable. Dans sa définition, Sensei ne parle ni de magie ni d’espion, il parle de l’Etre Humain dans son acception la plus haute.

Le Ninja n’est pas (seulement) un surhomme, c’est un être vrai et c’est donc le but que nous devons atteindre aujourd’hui. Au travers des thèmes de travails annuels donnés par Sensei, nous avons évolué.

Cette évolution de nos esprits et de nos techniques a commencée avec le moment où nous avons abordé l’étude des principes de chacune des écoles du Bujinkan.

Budô Taijutsu : 1998 : Taihen Jutsu - Shinden Fudô Ryû 1999 : Daken Taijutsu - Kukishinden Ryû 2000 : Koppô Jutsu - Koto Ryû 2001 : Kosshi Jutsu - Gyokko Ryû 2002 : Jû Taijutsu - Takagi Yôshin Ryû

Ninpô Taijutsu : 2003 : Juppô Sesshô (part. 1) - San Jigen no Sekai 2004 : Juppô Sesshô (part.2) - Yûgen no Sekai

En 2003, Sensei disait que la Juppô Sesshô était l’expression du Ninpô Taijutsu et que ce principe ne pouvait être abordé qu’après avoir compris l’essence des 5 domaines : Taihen Jutsu, Daken Taijutsu, Jû Taijutsu, Koppô Jutsu et Kosshi Jutsu. C’est aussi pourquoi il répète souvent que ceux qui ne vont pas au Japon depuis ces sept dernières années ne peuvent comprendre son enseignement.

Bien sûr ils ont un bon niveau technique mais ils ne font que du Ninjutsu et ne peuvent prétendre à devenir Ninja. Car le véritable Ninja ne recherche qu’à devenir un Etre Humain véritable et non pas seulement un super combattant. Le Ninja « aspire à unir son esprit et ses techniques pour atteindre le « Un » c’est-à-dire à devenir une personne peu commune ». Tout est expliqué dans cette phrase. Si votre désir le plus cher est de sauter par-dessus les toits, d’espionner ou de réaliser des rituels de magie alors c’est que le Ninjutsu de Bujinkan n’est pas fait pour vous. A trop rechercher les pouvoirs, on oublie souvent que le plus important est d’apprendre à devenir un être humain responsable. Ce mot de « responsable » est vital pour ne pas s’égarer dans les méandres de nos désirs égotiques. Etre responsable veut dire être capable de « répondre » de nos actes.

L’évolution actuelle de la Société humaine nous prépare à beaucoup de choses mais certainement pas à devenir des êtres responsables. Pourtant ces sens que sont : l’honneur, la bravoure, l’honnêteté, la responsabilité sont les buts que nous devons nous fixer pour devenir de véritables Ninja.

Quand Sensei dit que : « certaines personnes ont essayé de développer des capacités surhumaines au travers de leur entraînement au Ninpô, mais (qu’) ils ne sont jamais devenus de grands Ninja », il nous explique que les prouesses physiques ne déterminent en aucune façon notre statut de Ninja. Etre un Ninja au 21° siècle, c’est avant tout vivre en harmonie avec son environnement social, humain et naturel.

Votre travail d’apprenti Ninja ne se limite pas aux quelques heures de cours prises dans un Dôjô. Cela ne représente au mieux qu’une dizaine d’heures par semaine alors que la Vie c’est 24 heures par jour ! Utilisez votre progression dans notre discipline pour vous transformer de l’intérieur. Un Ninja doit être curieux de tout et s’ouvrir à toutes choses. Takamatsu Sensei disait que pour le Ninja « il ne doit pas exister quelques chose comme la surprise ». Cela est valable dans le combat réel « Jissen » mais aussi et surtout dans la Vie réelle « Jissen ».

Abandonnez vos cagoules et vos fumigènes ; vos rituels et votre mysticisme ésotérique et tournez-vous vers vous-mêmes. Devenez un Ninja par le développement de votre excellence et non pas par le biais d’artifices et de masques. Devenez ce que vous êtes pas ce que vous voulez que les autres croient que vous êtes.

Croire au Ninja doté de superpouvoirs et ne travailler qu’à cela c’est perdre de vue l’Essence du Ninja. C’est une illusion de plus.

Car ce qu’enseigne Hatsumi Sensei au travers d’un ensemble de techniques d’écoles anciennes de Ninjutsu, c’est avant tout à atteindre un état d’évolution personnelle celui de « Bujin », « un maître de paix ». Sensei emploie parfois le terme de « Tatsujin » qui peut se traduire par « Etre Humain réalisé ».

Voila le but de votre démarche de pratiquant du Bujinkan. Et c’est un but plus difficile à atteindre car « ... la pratique du Ninjutsu rend surtout les gens plus conscients de la difficulté à devenir des Etres Humains « véritables ». »

Cette approche du Ninpô Taijutsu est tout aussi valable quelque soit l’art martial que vous pratiquez. L’art martial quel qu’il soit est un moyen privilégié de progresser en tant qu’être humain. Le chemin est long et semé d’embûches mais plein de bonheur car il vous apprend à avoir l’attitude juste en toutes choses.

« Seule compte la démarche. Car c’est elle qui dure, et non le but qui n’est qu’illusion de voyageur. » Saint Exupéry.

Arnaud Cousergue Bujinkan Shihan

Ou comment devenir un Etre Humain

Depuis des années que le mouvement Ninja existe, je pense qu’il devient nécessaire de répondre à la question : « Qu’est-ce qu’un Ninja ? ». Les films, les livres ont surtout insisté sur l’aspect « pouvoirs magique » du Ninja ou sur ses capacités à espionner et à tuer. Toutes les exagérations sont sans doute basées sur un fond de vérité mais est-ce la vision de Maître Hatsumi ?

Peut-être qu’il est temps maintenant de chercher à comprendre ce qu’est l’essence du Ninja pour Hatsumi Sensei en ce début de 21° siècle.

Ou comment comprendre le Ninjutsu


Il y a quelque temps déjà j’ai proposé sur un forum de discussion l’organisation d’un stage national regroupant différents professeurs hauts gradés Français. A ce jour, au vu du sondage en ligne proposé sur le forum, il semblerait que cette idée ne convienne pas aux pratiquants Français de Ninjutsu.

Je m’interroge sur la raison d’une telle opposition. On reproche souvent aux instructeurs hauts gradés de ne jamais s’ouvrir aux autres et dès qu’une tentative est faite dans ce sens, elle ne trouve que reproche et critique.

A croire que dans notre doux pays de France, personne ne veuille le développement de notre discipline. Une telle réunion est le meilleur moyen de se rencontrer. C’est pourquoi, malgré l’opposition farouche des gardiens de la pensée unique, je suis heureux de vous annoncer qu’un tel stage aura bien lieu fin octobre 2004 dans notre Dôjô de Paris. Ce stage se déroulera sur 2 jours et les différents enseignants enseigneront ensemble par petits groupes aux courageux pratiquants ayant réussi à dépasser leurs querelles de clocher pour se retrouver sur le même tatami.

Dans un précédent article, je parlais de partage et de travail en commun. Partager est une chose fantastique mais encore faut-il ne pas se tromper sur le but de la pratique.

Si pratiquer un art martial n’est qu’un moyen de développer un "pouvoir" sur ses élèves alors, cela ne sert à rien. Si on observe attentivement les attentes des élèves et des professeurs on remarque tout de suite que la majorité ne recherche pas la puissance au combat ou la gloire. Dans une vie, les rares fois où vous aurez à vous battre pour votre vie se comptent sur les doigts d’une seule main. Alors si pour vous, l’art martial ne sert qu’à cela, vous perdez votre temps.

Cela fait maintenant 35 années que je m’entraîne dans les arts martiaux dont 20 ans en Ninjutsu. Mon approche du combat s’est affinée au fur et à mesure des années de travail. Comme tout un chacun, la force et la puissance furent mes premières amours, mais aujourd’hui je sais que l’art martial est tout autre chose.

Un jour, maître Hatsumi m’a dit que le Budô était pour lui à mettre au même titre que les religions humaines. On entre en Budô comme on entre en religion. Cela n’enlève rien aux religions mais cela montre que l’art martial est un puissant vecteur d’évolution personnelle. C’est un travail sans fin sur soi et sur notre relation aux autres.

Ce stage national regroupant divers instructeurs, se veut un outil de rapprochement des différents courants du Bujinkan en France. Chacun possède sa vision du Ninpô Ninjutsu. Nos bases bien que similaires dans leur essence sont différentes et c’est justement ce qui fait la richesse de notre art. Le Ninjutsu du Bujinkan est une idée en mouvement. Il n’est pas et ne doit pas être stéréotypé. Les formes devant s’adapter au pratiquant, chaque professeur tente de son mieux de faire passer sa compréhension pour servir de base à l’évolution martiale de ses élèves.

Mais c’est l’élève qui est la clé de sa propre évolution. Personne à part soi ne peut avancer. En Japonais, le mot Sensei explique cela directement. Le "Sensei" n’est pas un grand maître, il ne fait que guider l’élève vers lui-même. Pour y arriver, l’enseignant ne fait qu’exposer sa vision personnelle par rapport à son expérience personnelle. Cette vision est la sienne mais peut aider le pratiquant à avancer, un peu à la manière d’une béquille.

A un certain moment, la béquille n’est plus nécessaire et l’élève peut marcher seul. Marcher seul. C’est cela l’important. Car le professeur peut montrer et remontrer les mouvements et la direction mais c’est à l’élève de choisir où marcher. Toute direction est bonne à condition de savoir ce que l’on recherche.

J’espère que vous serez nombreux à venir à ce stage d’octobre prochain pour partager ensemble différentes visions de la réalité.

Amicalement,

Ou comment comprendre le Ninjutsu


Il y a quelque temps déjà j’ai proposé sur un forum de discussion l’organisation d’un stage national regroupant différents professeurs hauts gradés Français. A ce jour, au vu du sondage en ligne proposé sur le forum, il semblerait que cette idée ne convienne pas aux pratiquants Français de Ninjutsu.

L’entraînement solitaire est la condition de votre progression en Ninpô Taijutsu


« Etudier pour soi et faire ses propres découvertes est plus important que l’apprentissage en groupe et cela s’applique parfaitement au monde des arts martiaux. (...) comme je le répète souvent, c’est par l’entraînement solitaire que l’on apprend les leçons de la vie. »

Cette phrase de Maître Hatsumi surprend souvent les pratiquants d’arts martiaux plus habitués à la répétition de formes en cours que par une recherche personnelle. La vie du pratiquant au Dôjô est identique à la vie du pratiquant en dehors du Dôjô.

Beaucoup de mes élèves viennent de loin et ne font qu’assister aux stages. Pourtant leur niveau technique s’apprécie au fur et à mesure des années. Bien sûr certains ont des Dôjô en France ou à l’étranger mais la majorité d’entre eux n’a pas la possibilité de s’entraîner dans un club près de chez eux. Alors d’où vient leur capacité à progresser ?

Ils s’entraînent seuls !

Cette question de l’entraînement solitaire m’est souvent posée. Les personnes qui la posent sont généralement seuls dans leur région et ne trouvent pas de bonne façon de s’entraîner seul. Leur objection est souvent de répéter qu’on ne peut s’entraîner efficacement sans partenaire.

Tout dépend de ce que l’on entend par le mot « entraînement ». S’entraîner c’est développer une attitude, un Kamae. Quand on regarde attentivement le contenu de l’enseignement du Bujinkan Dôjô on s’aperçoit rapidement que notre pratique peut se limiter à un ensemble assez restreint de mouvements de base : Ukemi (roulades et brise chutes) ; Kamae (postures) ; Sanshin no Kata (Gogyô) ; Kihon Happô. Tout le reste n’est que la mise en application des ces mouvements fondamentaux au travers de l’utilisation d’écoles anciennes et/ou du travail avec les armes.

Hormis les Kihon Happô qui dans le Gohô no Kata nécessitent un partenaire, le reste de ces techniques de base peut se passer du travail avec un Uke.

J’ai coutume de dire que celui qui maîtrise les roulades et brise chutes maîtrise 30% des arts martiaux car une fois passée l’appréhension du sol on devient capable d’adapter son mouvement à toutes les situations rencontrées. Le terme Japonais générique est Ukemi. Cela signifie « (se) recevoir ». C’est donc quelque chose qui dépasse de beaucoup le champs d’application particulier du combat en corps à corps. « Recevoir » ou « se recevoir » devient une autre façon de comprendre la vie. Savoir utiliser Ukemi en toutes circonstances est créateur d’évolution personnelle. Celui qui sait se recevoir ou recevoir saura toujours retrouver son équilibre mental et physique. A l’inverse, une appréhension, une peur, une angoisse se révèlera toujours dévastatrice pour celui qui la ressent.

Connaître Ukemi c’est apprendre à se connaître soi-même et à connaître ses propres possibilités mentales et physiques.

Les postures sont regroupées sous le terme de Kamae. Mais je rappelle que le mot Kamae peut signifier « attitude mentale » aussi bien que « posture (attitude) physique ». Dès lors le travail de Kamae intervient aussi dans la construction de l’Etre. Il est habituel de parler de Tai Gamae (posture du corps) et de Kokoro Gamae (posture du cœur ou de l’esprit). Ces deux aspects de Kamae sont à travailler.

Mais il est important de se souvenir qu’en Japonais les mots possèdent toujours plusieurs sens.

Tai suivant la manière dont vous l’écrivez revêt les sens de : corps, objet, substance, réalité, style, forme, champs, opposé, égal, contre, versus, compagnie, équipe, unité, condition, raison cachée, inimitié, berge d’une rivière, ceinture. Kamae(ru), (Gamae) revêt lui aussi divers sens : structure, construction, style, posture, position, attitude, garder une maison, s’établir dans une maison, prendre une nouvelle résidence, assumer une posture de défense, feindre, prétendre. Kokoro quant à lui veut dire : esprit, mental, mentalité, idée, pensée, cœur, sentiment, impression, sincérité, prendre à cœur, considération, sympathie, attention, intérêt, faire attention, volonté, dessein, inclination, goût, fantaisie, humeur, état d’esprit, réponse, sens.

Ainsi, les trois mots de Tai, de Kokoro et de Kamae peuvent vouloir dire une infinité de choses suivant la façon dont vous les mélangez deux à deux. Ne limitez pas votre apprentissage à la forme, elle ne fera que vous emprisonner dans une compréhension partielle et partiale.

Connaître Kamae c’est entrer dans une réalité différente aussi bien physique que mentale.

L’une des clés de notre apprentissage réside dans l’étude ininterrompue du Sanshin no Kata (ou Gogyô no Kata), le travail sur les cinq éléments Japonais : Chi, Sui, Ka, Fû et Kû. Il est intéressant de constater que le nom donné à cet ensemble de mouvements était : « Shôshin Gôkei Gogyô no Kata » ou « enchaînements des cinq éléments naturels fondamentaux ». Il est encore plus surprenant de voir que pour les Japonais, ce nom fait référence aux éléments chinois (eau, métal, terre, bois et feu) et non à ceux du Japon (terre, eau, feu, air, vide). Pourtant le texte original nous présente les éléments Japonais et non Chinois. Les formes enseignées varient suivant les enseignants mais la réalité de votre pratique ne doit s’arrêter au seul apprentissage de la forme.

C’est cette approche à la fois physique et intellectuelle qu’il vous faut réaliser pour assimiler les mouvements de base. Sensei répète souvent qu’il faut apprendre à lire entre les lignes. Le travail des bases de Ukemi, Kamae et Sanshin vous permet de créer un filtre efficace pour approcher votre réalité.

Le devoir de chaque pratiquant est de respecter l’enseignement de son professeur mais il existe un devoir plus important pour votre développement personnel en tant qu’être humain et c’est celui de trouver votre voie. L’art martial n’est qu’une excuse à votre progression en tant qu’individu.

Vous devez être conscient du fait que votre vie de pratiquant a commencé largement après votre naissance et qu’elle s’achèvera largement avant votre mort. Ecoutez vos professeurs mais n’abdiquez pas votre vision du monde pour autant.

Votre vie est plus importante que les capacités physiques que vous développerez au Dôjô. Sachez rester vous-même dans la pratique et rappelez-vous que le monde extérieur n’existe que parce que vous le concevez par l’intermédiaire de vos Cinq sens.

Ce à quoi fait allusion Maître Hatsumi quand il dit que : « ... c’est par l’entraînement solitaire que l’on apprend les leçons de la vie » c’est votre capacité à apprendre par vous-même les leçons de la vie. Le Dôjô est important car c’est un laboratoire pour vos expériences de vie et le professeur est là pour vous donner des conseils pour améliorer votre perception de la vie. Un professeur n’est ni un dieu ni un surhomme, ce n’est qu’un être humain comme vous mais qui marche depuis plus longtemps sur le chemin de vie que vous avez choisi de suivre pour l’instant.

L’entraînement solitaire est donc possible et même doit s’avérer prioritaire pour que vous développiez une perception personnelle du mouvement. Dans la vie tout est mouvement et son absence de mouvement mène au chaos.

Développez vos propres exercices physiques, affinez votre perception du mouvement juste. Analysez les éléments constitutifs de votre mouvement et recherchez les racines de chacun d’entre eux. Utilisez le Dôjô pour en retirer de nouvelles approches mais avant tout apprenez à étudier seul car c’est seul que vous aurez à trouver la solution à votre existence.

Entraînez-vous pour vous-mêmes en vous appuyant sur les conseils de votre professeur. Le nombre de cours par semaine ne remplacera jamais votre travail personnel. Soyez un découvreur et un chercheur et ne prenez pas pour acquis ce qui vous est montré, expérimentez-le et faites-le votre.

"Quand on désire savoir, on interroge. Quand on veut être capable, on étudie. Revoyez sans arrêt ce que vous savez déjà. Etudiez sans cesse du nouveau. Alors vous deviendrez un Maître." Confucius

L’entraînement solitaire est la condition de votre progression en Ninpô Taijutsu


« Etudier pour soi et faire ses propres découvertes est plus important que l’apprentissage en groupe et cela s’applique parfaitement au monde des arts martiaux. (...) comme je le répète souvent, c’est par l’entraînement solitaire que l’on apprend les leçons de la vie. »

De la connaissance à la conscience


Cette année a vue l’arrivée d’un nouvel élément aux cinq éléments habituels du Godai que sont Chi, Sui, Ka, Fû, Kû. Ce nouvel élément est appelé Shiki. C’est grâce à lui que nous pouvons approcher du concept de Yûgen no Sekai.

Nous sommes donc passés du Godai au Rokudai.

Ce terme de Shiki est intéressant car il peut se traduire de deux manières soit par « Connaissance » soit par « Conscience ».

La « Connaissance » est différente des « connaissances » résultat de nos apprentissages de vie. La « Conscience » est l’état ultime de notre Etre et diffère en cela de la conscience des choses ou des évènements.

La langue Japonaise nous a habitué a ses traductions multiples, mais ici cette double terminologie définit une logique de vie.

Connaissance vient du latin cum + nascere ou « naître avec ». Conscience vient du latin cum + scere ou « savoir avec »

On peut donc dire que la connaissance est innée alors que la conscience s’acquière avec les années. Cela revient à comprendre (cum + prendere, prendre avec soi) que nous naissons avec en nous les éléments de notre Conscience future qui se développera au travers des expériences des épreuves et des obstacles que nous aurons à surmonter durant notre existence.

Tout notre travail de pratiquant est donc de réussir à prendre « conscience » de la « Connaissance » innée résidant en nous et de la mettre à jour par l’acquisition de « connaissances » diverses et multiples. Étant « conscient » de notre objectif final nous avons ainsi une chance d’arriver un jour à la « Conscience ».

Dans les arts martiaux Japonais, ce travail de mise à jour de la Conscience passe par un polissage du corps et de l’esprit ne faisant qu’un, au travers du filtre de la matière. La matière est manifestée dans l’enchaînement des cinq éléments qui la constitue : la terre, l’eau, le feu, l’air et le vide (espace). Ces éléments s’enchaînent l’un l’autre. La terre crée l’eau, l’eau crée le feu, le feu crée l’air et l’air le vide. C’est pourquoi ces cinq éléments sont empilés les uns sur les autres à partie du sol. Par le travail des cinq éléments de la matière, le pratiquant (Jin) élève son corps/esprit graduellement de la terre vers le ciel, du Chi vers le Ten.

Arrivé au dernier niveau du Stupa (Godai), le pratiquant peut aborder alors le sixième niveau , celui de la Conscience, il entre alors dans le Shiki et peut travailler dans le Yûgen no Sekai.

Shiki est donc Conscience et Connaissance. Shiki est le niveau au-delà du monde manifesté. La sublimation de la matière amène à un niveau de conscience supérieur.

Dans le Bujinkan c’est à cela que servent les Dan au-delà du Jûdan. Chaque grade supérieur est définit par rapport à cette évolution : Chigyô Happô Biken, Suigyô Happô Biken, Kagyô Happô Biken, Fûgyô Happô Biken, Kûgyô Happô Biken. Le suffixe « Gyô » veut dire frontière, limite physique.

Ces cinq grades supérieurs symbolisent donc la limite entre le niveau précédent et l’entrée dans le niveau suivant. Ainsi, Chigyô Happô Biken signifie que vous avez assimilé l’élément Terre (Chi) et que vous abordez l’élément eau et ainsi de suite.

Arrivé au dernier niveau, vous avez assimilé Kû et entrez dans un monde différent, celui de la Conscience, Shiki.

Symboliquement, ce système de grade tant critiqué par nos détracteurs, est très cohérent. Les dix premiers grades permettent d’acquérir les connaissances de base. Les cinq grades supérieurs ne servent alors qu’à stigmatiser l’avancée du pratiquant dans sa découverte de lui-même.

Quand le Godai passe au Rokudai, on ne passe pas de 5 à 6 mais de 5 à 5+1. Ce 6° élément est de nature différente. C’est la même chose dans le système des grades. On passe de 10 à Chi, Sui, Ka, Fû et Kû. Il ne faut surtout pas croire qu’il s’agit de la suite. Comme nous l’avons déjà expliqué ici, le système de grades du Bujinkan est assimilable au système éducatif. Les grades au-delà de 10 sont des niveaux d’étude Universitaire. La ceinture blanche est la maternelle. La ceinture verte est l’école primaire. La ceinture noire est l’entrée en 6°. Le Godan est le début du secondaire. Le Jûdan l’Université.

Au dernier niveau, le pratiquant commence à travailler pour lui et pour son développement personnel, c’est pourquoi on ne peut et ne doit pas tenter de comparer les grades entre eux. Ni entre des arts martiaux différents, ni même entre les pratiquants du Bujinkan.

L’éveil graduel de notre Conscience se manifestera à chaque fois différemment. Chaque pratiquant est aux commandes de sa propre existence et est aussi le résultat de son expérience de vie. C’est la vie qui nous forme et nous déforme. Nous ne sommes pas égaux, chacun est différent. Le monde n’existe qu’au travers de la perception que l’on en a. Ce qui est vrai pour l’un ne le sera pas pour l’autre et inversement. Vouloir imposer aux autres sa propre vision revient à essayer de cloner sa petite compréhension et à dénier à l’autre toute capacité d’analyse personnelle.

C’est pour cela que l’apprentissage passe par plusieurs étapes. Jusqu’au 10° Dan (niveau universitaire), il faut suivre ce que dit l’instructeur sans réfléchir et sans discuter. Ensuite l’instructeur tout puissant du début devient directeur de thèse. Il est là pour aider le pratiquant à formuler sa compréhension du mouvement et à l’éclairer par sa propre Connaissance. Il n’a plus raison, il est « devant » mais aussi « à côté ». Le véritable travail n’est plus provoqué par le Sensei mais assisté par lui. Rappelez-vous cette phrase de Maître Hatsumi : « je n’enseigne pas de techniques à mes élèves ; je leur enseigne à s’apprendre à eux-mêmes ». C’est à partir du 10° Dan que cela devient possible*.

Shiki est le but ultime de la recherche de tout pratiquant. Cette explication permet aussi de comprendre aussi pourquoi les individus font souvent évoluer leur compréhension technique du mouvement vers une compréhension souvent spirituelle. Le combat contre autrui n’est plus l’objet de l’entraînement il en est l’excuse pour se trouver soi-même.

Cette découverte du Soi est le nom donné à notre accès à la Conscience. Mais cet accès à la Conscience ne peut se faire sans le passage par les différentes étapes de la matière du Godai. Le Godai une fois assimilé permet l’accès au Rokudai. Mais sans le Godai, il n’y a pas de Rokudai. Si vous acceptez cela, alors vous comprenez pourquoi beaucoup de pratiquants abandonnent leur quête en cours de route. Le chemin est long et pénible et les illusions nombreuses.

Soyez durs avec vous-mêmes et tolérants avec les autres car eux aussi cherchent la même chose que vous. Ce n’est pas une compétition mais une course d’obstacles que chacun est capable de réussir, à son rythme, en faisant ses propres erreurs et ses propres découvertes. Il n’y a pas de vérité ultime, chacun doit trouver la sienne propre. Et ce travail sur soi passe seulement par la continuité dans l’effort et par un engagement personnel sans limite.

Comme le répète à l’envie Hatsumi Sensei : Keep going !

De la connaissance à la conscience


Cette année a vue l’arrivée d’un nouvel élément aux cinq éléments habituels du Godai que sont Chi, Sui, Ka, Fû, Kû. Ce nouvel élément est appelé Shiki. C’est grâce à lui que nous pouvons approcher du concept de Yûgen no Sekai.

Nous sommes donc passés du Godai au Rokudai.

Ce terme de Shiki est intéressant car il peut se traduire de deux manières soit par « Connaissance » soit par « Conscience ».

Dans chaque pays où le Ninjutsu est mur, existe une organisation appelée Shidôshikai dont le but est de regrouper les enseignants du Bujinkan pour garantir la validité de l’enseignement.


A l’initiative de Alain Muller, Shihan du Bujinkan, il est question de recréer la Shidôshikai France.

Bien que je ne veuille ni ne prendrai aucune fonction en son sein pour n’être qu’un membre parmi les autres, je crois nécessaire de rappeler ce qu’est une Shidôshikai.

Dans chaque pays oû le Ninjutsu est devenu plus mur, existe une telle organisation. Son but est de regrouper les différents enseignants du Bujinkan sous un même label, garantissant du même coup la validité de l’enseignement.

Sont membres d’une telle organisation, les enseignants titulaires d’un Shidôshi-hô (instructeur) ou Shidôshi (Maître-instructeur), diplômes Japonais délivrés au Japon par Maître Hatsumi.

Par ailleurs, les membres sont tous détenteurs d’une carte de membre spécifique nommée carte Shidôshikai, renouvelée chaque année. Cette carte remplace la carte de membre (carte jaune) et prouve que l’enseignant est toujours membre du Bujinkan.

Seuls les enseignants pouvant faire la preuve de leur diplôme d’enseignant (à ne pas confondre avec un diplôme de grade) et de son appartenance à la Shidôshikai (carte de l’année en cours) est considéré comme faisant partie du Bujinkan.

Pour vous permettre de vous faire une idée, voici quelques points de réflexion tant au niveau de la forme que du fonctionnement :

1. Organisation Nationale : Toute organisation, formelle ou informelle me parait envisageable ; avec ou sans cotisation.

2. Définition de statuts généraux : objet de la Shidôshikai, limites d’action.

3. Regroupement des enseignants des Bujinkan de France (Shidôshi ou Shidôshi-hô). Voire établissement de liens avec les autres Shidôshikai d’Europe ou d’ailleurs.

4. Acceptation à définir d’enseignants non titulaires d’un diplôme de Shidôshi-hô sous couvert de mise en règle avec le Japon par l’intermédiaire du Responsable de la Shidôshikai.

5. Vérification de l’appartenance des Dôjô et de leurs élèves au Bujinkan Japon (carte Shidôshikai pour les professeurs, carte jaune de membre pour les élèves).

6. Organisation d’un ou plusieurs stages "Nationaux" regroupant le plus de Dôjô. Lieu et organisation à définir (Paris n’est pas la seule destination).

7. Publicité commune dans les revues d’AM avec participation financière des différents Dôjô de France, membres de la Shidôshikai.

8. Création d’un logo Shidôshikai (pour Kimono, Sticker club, site web).

9. Création d’un site web regroupant toutes les informations sur tous les Dôjô (présentation et CV des professeurs, grades Japon, horaires des cours et adresse du ou des Dôjô, email, site web et mobile).

10. Choix d’un Responsable National, choisi pour 1 an renouvelable et coordonnant les différentes activités et représentant l’association pour la France. Cette personne durant son mandat parlera au nom du Bujinkan de France (mairies, ministères, collectivités). Il pourra être réélu par les membres autant que nécessaire. En cas de non réelection, il pourra seconder le nouveau président si des actions amorcées par lui n’ont pas abouties pendant son mandat.

11. Si l’association est déposée en préfecture et qu’elle regroupe les Dôjô de France, alors elle devient de fait une fédération (non reconnue par l’état). Je propose donc le nom de "Fédération Bujinkan de France". Je rappelle que seules les fédérations délégataires peuvent utiliser le terme de "Française" ou "National" dans leur appellation officielle.

12. Toute association déposée a une cotisation. Ouverture d’un compte bancaire et définition du montant de la cotisation. Par Dôjô ? par élève ? Cette cotisation peut être minime. Elle peut ne concerner que les membres (professeurs) ou les membres et leurs Dôjô ou élèves. A définir en fonction du budget de fonctionnement établi sur les projets de la Shidôshikai.

13. Création d’un fichier National renseigné par les Dôjô. Ce fichier sera à la charge du Président. Le fichier contiendra les noms, grades etc de chaque élève du Bujinkan en France.

14. Création d’un bureau exécutif en charge du suivi des adhérents et des actions menées par le Président. A définir.

15. Création de "ligues" avec désignation d’un responsable par ligue régionale ou municipale. A définir.

16. Réunion annuelle ou bi-annuelle lors du ou des stages "Nationaux". Un ou deux réunions de travail des différents responsables lors des stages Nationaux parait cohérent.

17. Création d’un blog "adhérent" permettant à chaque membre de suivre les actions de la Shidôshikai. Accès profs seulement ou accès profs et élèves ? Le forum de Grenoble pourrait servir de point d’information général.

18. Si l’association n’est pas déposée en préfecture alors le point 12 n’a pas lieu d’être. Cela n’empêche pas de se doter d’une structure "fédéralisante", pour le jour où cela s’avèrerait nécessaire (cf. projet de loi Européenne sur les associations).

Les points évoqués ci-dessus doivent servir de point de départ, de base de réflexion.

J’ai volontairement omis de parler du programme technique mais la Shidôshikai peut définir un "tronc commun" devant être travaillé suivant l’esprit de chaque professeur et qualifiant son Dôjô comme étant membre de la Shidôshikai France.

Amicalement,

Je vous invite à aller sur le Forum de Grenoble pour participer à ce projet.

Dans chaque pays où le Ninjutsu est mur, existe une organisation appelée Shidôshikai dont le but est de regrouper les enseignants du Bujinkan pour garantir la validité de l’enseignement.


A l’initiative de Alain Muller, Shihan du Bujinkan, il est question de recréer la Shidôshikai France.

Bien que je ne veuille ni ne prendrai aucune fonction en son sein pour n’être qu’un membre parmi les autres, je crois nécessaire de rappeler ce qu’est une Shidôshikai.

L’expression du Roppô Kuji no Biken

Le thème de l’année est Roppô Kuji no Biken et le feeling à comprendre est Yûgen no Sekai. Comme vous le savez tous déjà, le travail est axé en priorité sur le travail du sabre. Récemment au Japon, nous avons essentiellement travaillé les techniques du Kukishinden Ryû Biken Jutsu mais je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à cette seule école. Néanmoins, comme Sensei n’a présenté que des techniques du Kukishinden durant le dernier Taikai de Tokyo, c’est à partir de là que nous tenterons de comprendre l’essence du travail au sabre.

Tout d’abord, rappelons-nous cette phrase de Toda Sensei à l’attention de Takamatsu Sensei : le sabre Kukishin est plus puissant que le sabre Togakure.

C’est en partant de cette remarque du Sôke du Togakure à son élève que je suis parti dans mon étude du thème de l’année.

Suivant les sources que nous avons, nous voyons que le Biken Jutsu comprend 16 techniques de sabre (certaines sources font état de moins, d’autres de plus). Quand on étudie en détail l’ensemble « Biken Jutsu » nous nous apercevons que nous pouvons découper cet ensemble de 16 techniques en deux groupes : les techniques de base et les Sayu Gyaku. Comme vous le savez, Sayu Gyaku signifie « des deux côtés » et par extension « dans toutes les directions ». Nous savons par ailleurs que chaque technique comprend 3 Henka.

Fort de cette observation, on s’aperçoit que les 9 techniques de bases peuvent se décliner en variantes intitulées Sayu Gyaku. En clair, il nous suffit de travailler les 9 techniques de bases pour accéder à l’essence du Biken Jutsu du Kukishinden Ryû.

Ces 9 techniques sont les suivantes :

- Tsuki Komi
- Tsuki Kake
- Kiri Age
- Kiri Sage
- Kinshi
- Kochô Gaeshi
- Shi Hô Giri
- Happô Giri
- Tsuki no Wa

Dans toutes ces techniques, Uke part d’une attaque de type Jôdan no Kamae. Mais lors de notre étude du Juppô Sesshô nous avons aussi travaillé des techniques au nombre de 3 où le départ se faisait en posture Jôdan no Kamae mais dans lesquelles, Uke attaquait soit de face, soit du côté gauche, soit du côté droit.

Dès lors, on peut supposer que ces trois Henka dont nous faisions état précédemment ne sont que des variantes dans l’attaque de Uke. En effet, quand Uke est en posture pourquoi choisirait-il de nous attaquer de front alors que les angles des postures de Uke et Tori peuvent lui permettre d’éviter la lame de son adversaire, de passer sa garde et de vaincre ?

Je suis donc parti du présupposé que les 9 techniques généraient chacune trois variantes en attaque et qu’elles représentaient ainsi les différents types de situation auxquelles on peut se trouver confronter lors d’un combat au sabre. Attention, je ne dis pas que c’est la vérité seule et unique, j’expose ici comment nous avons décidé de travailler ces techniques au Dôjô de Paris.

Quant on pousse plus avant l’étude détaillée de ces 9 techniques, on s’aperçoit aussi qu’elles sont de trois ordres. Les trois premières techniques se font « Après ». Par après, j’entends que l’intention d’attaque est déjà manifestée par Uke. L’action de Tori intervient après l’attaque première de Uke et avant qu’il ne puisse repartir pour une seconde attaque. Les trois techniques suivantes se font « Pendant ». Uke a pris lé décision d’attaque, il est en mouvement mais l’intervention de Tori se fait plus tôt que précédemment. Tori va à la rencontre de l’attaque de Uke, pendant l’attaque. Les trois dernières techniques se font « Avant ». Uke n’a pas encore manifesté sa décision d’attaquer et Tori en profite pour attaquer l’intention de l’attaque.

Ces trois temps se font sur une échelle de temps microscopique et se ressemble énormément dans la forme. Elles sont très différentes dans le rythme des attaques et contre-attaques.

Chacune des trois techniques de chaque section « Avant, Pendant, Après » correspond aussi à 3 niveaux de mouvement : Ten, Chi, Jin. Comme toujours nous retrouvons ici le Sanshin no Kata dans ses trois représentations de base.

Notre perception des 9 techniques prend alors la forme suivante :

Après :
- Tsuki Komi - Ten
- Tsuki Kake - Chi
- Kiri Age - Jin

Pendant :
- Kiri Sage - Ten
- Kinshi - Chi
- Kochô Gaeshi - Jin

Avant :
- Shi Hô Giri - Ten
- Happô Giri - Chi
- Tsuki no Wa - Jin

Cette précision du mouvement dans l’espace nous amène alors à considérer d’un autre œil le thème de l’année dont le nom est Roppô Kuji no Biken.

Durant le Taikai, Sensei nous a beaucoup parlé de Shiki (conscience) comme étant le 6° élément. Nous sommes passés du Godai au Rokudai, en clair, après les 5 éléments de la matière : Chi Sui, Ka, Fû, Kû nous arrivons à un nouvel élément celui de la conscience. Dan son dernier ouvrage, Sensei définit aussi Shiki comme étant aussi « connaissance ». Le « Roppô » est alors symbolique de ce sixième élément conscience/connaissance que nous devons trouver au travers de la pratique des 9 formes (techniques) ou « Kuji ».

Nous pouvons alors traduire le Roppô Kuji no Biken comme étant « la manière d’atteindre à la conscience/connaissance par l’étude des 9 techniques de sabre du Kukishinden. Je me dois de rappeler ici que cela est mon interprétation et qu’elle n’est basée que sur mon expérience, ma pratique et mes réflexions.

L’avantage de cette approche est qu’elle est cohérente en soi. Elle permet en outre de comprendre l’idée du « Yûgen no Sekai » ou monde du non forme, non formé, non manifesté. Comme dans le San Jigen no Sekai, le suffixe « -gen » fait référence à une source, une origine, un temps ancien. « Yû » qui veut dire élégance ou courage ou bravoure, signifie aussi esprit non manifesté. Par esprit non manifesté je fais référence à « qui n’est pas encore dans la matière ». Ce monde de l’origine de l’esprit alors qu’il n’est pas encore manifesté est celui du Yûgen no Sekai.

Avec l’étude du Juppô Sesshô de l’an passé nous sommes parti du Ni Jigen no Sekai pour arriver au San Jigen no Sekai. De la deuxième dimension vers la troisième dimension. D’un mouvement « plan » à un mouvement en « volume ». Avec le Yûgen no Sekai nous arrivons maintenant au « Zéro ». Il n’y a plus rien, plus de forme, plus de techniques puisque l’expression du mouvement est faite avant même qu’il y ait manifestation physique.

Je voudrai pour finir citer une fois encore Hatsumi Sensei dans son dernier livre « Way of the Ninja » : « la majorité des pratiquants de Ninjutsu sont coincés dans la troisième dimension, ou même la deuxième. Certaines personnes sont mêmes encore dans la première (...). Ce n’est que lorsque vous pourrez bouger librement comme un fantôme de la première dimension à la quatrième et découvrir ainsi toutes choses émergeant du vide de la dimension de « Mu », que vous pourrez devenir un vrai Ninja ».

La technique n’est qu’une excuse pour trouver votre vérité. Travaillez sans cesse et améliorez toujours ce que vous avez car le chemin est infini.

L’expression du Roppô Kuji no Biken

Le thème de l’année est Roppô Kuji no Biken et le feeling à comprendre est Yûgen no Sekai. Comme vous le savez tous déjà, le travail est axé en priorité sur le travail du sabre. Récemment au Japon, nous avons essentiellement travaillé les techniques du Kukishinden Ryû Biken Jutsu mais je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à cette seule école. Néanmoins, comme Sensei n’a présenté que des techniques du Kukishinden durant le dernier Taikai de Tokyo, c’est à partir de là que nous tenterons de comprendre l’essence du travail au sabre.

Equilibre : la somme des équilibres et des déséquilibres

Le sens des mots équilibre et déséquilibre permet de trouver le mouvement naturel dans l’Equilibre vrai.

Les arts martiaux sont souvent considérés comme un moyen d’être plus, ou mieux équilibré. L’équilibre est omniprésent dans toute pratique martiale. Mais avez-vous déjà réfléchi à la signification des termes « équilibre » et « déséquilibre » ? Les sous-entendus sont souvent plus intéressants qu’il n’y paraît à première vue.

Quant on dit d’un objet ou d’une action qu’ils sont équilibrés on défini une liberté. Le préfixe « equi- » veut dire « égal » et « -libre » veut dire « qui s’accomplit sans contrainte extérieure ». Il s’agit donc d’une liberté qui est égale dans toutes les directions de l’espace. Au niveau temporel, cette liberté nous affranchit du passé et de futur puisqu’il l’équilibre n’existe que dans le présent.

C’est cet état qu’il s’agit d’obtenir dans le Juppô Sesshô. Il faut que nous soyons équilibrés dans toutes les dix directions de l’espace et dans le temps. Le petit enfant qui s’essaye à la marche n’apprend l’équilibre que dans le déséquilibre. La posture Shizen no Kamae, quand elle est comprise par la pratiquant, doit permettre de bouger dans toutes les directions de l’espace (Juppô). En Shizen, le déséquilibre est le garant de l’équilibre.

Pourtant dans le mouvement, l’état d’équilibre tant recherché n’est que ponctuel et ne peut se trouver dans la permanence. Vouloir être équilibré en permanence est vain. L’équilibre est un état qui ne peut durer que s’il est en mouvement. En effet, un équilibre ne se réalise que dans l’action et l’action implique le mouvement et donc le déplacement.

Or quand je me déplace, mon centre de gravité se déplace aussi. Mon équilibre de l’instant disparaît momentanément jusqu’à la découverte d’un nouvel équilibre. Vu de l’extérieur, ces équilibres consécutifs peuvent apparaître comme un déséquilibre. Du coup, nous pouvons dire que l’équilibre vrai consiste à toujours rester en déséquilibre.

Pour illustrer cela, prenons l’exemple de la statue. La statue sur son socle nous semble équilibrée car si elle ne l’était pas elle tomberait. Ne tombant pas on la considère comme étant stable. Mais la stabilité n’est pas l’équilibre puisque la stabilité indique que la statue se tient debout (Stare en latin : se tenir debout). Or cette stabilité, cette capacité à se tenir debout n’existe que grâce à la gravité qui la pousse et l’attire vers le sol de façon linéaire. La statue n’est donc pas équilibrée, elle est en équilibre ce qui est différent.

La question à nous poser est donc la suivante : doit-on être équilibré ou en équilibre ? Si on considère que l’on doit être équilibré alors nous ne le serons pas. Etre équilibré ne s’applique qu’à l’espace et ne concerne pas le mouvement. Cela n’est vrai que pour un moment et nie donc la dimension temporelle du mouvement et le mouvement par la même occasion.

Nous devons donc chercher à rester en équilibre. Ce faisant, quand nous recherchons à rester en équilibre, nous nous plaçons dans une situation de déséquilibre permanent créée par des équilibres consécutifs. Ce « dés-équilibre » est donc la condition de notre Equilibre.

Le véritable Equilibre est donc la somme des équilibres et déséquilibres successifs dans le temps et l’espace et non pas une réalité physique uniquement spatiale.

Dans le Juppô Sesshô, nous passons d’une réalité en deux dimensions (Ni Jigen no Sekai) à une nouvelle réalité en trois dimensions (San Jigen no Sekai). Nous passons du plan au volume et c’est dans le volume que doit se trouver l’Equilibre. C’est un nouveau paradigme qu’il nous faut accepter.

Le « déséquilibre » apparent est donc la condition sine qua non d’un Equilibre de l’action. Dans le Ninjutsu du Bujinkan, nous devons rechercher cet état de déséquilibre permanent dans le temps et dans l’espace. Quand Uke attaque, il vise un point dans l’espace. Son action s’inscrit dans une logique d’équilibre car jamais Uke n’attaquera s’il pressent que son déplacement d’attaque l’amènerait à perdre.

Notre esquive doit donc permettre le déséquilibre de Uke à son point d’arrivée. Il faut donc partir au bon moment pour créer les conditions de sa chute. Si on part trop tôt, Uke reconsidère son attaque, reprend son équilibre et lance une nouvelle attaque. Si nous partons trop tard, Uke nous touche et nous perdrons notre équilibre. L’attaque, qui réussirait dans ce cas, redonne un nouvel équilibre à Uke (devenu Tori d’ailleurs puisqu’il a gagné).

L’esquive doit donc être en Equilibre avec la vitesse d’attaque de Uke, la puissance de son intention et avec l’environnement dans lequel nous évoluons. Le mouvement naturel que nous recherchons est donné par les Kamae (postures) et par le travail du déplacement. C’est cela le Ten Chi Jin du Bujinkan. Un état d’Equilibre permanent dans le temps et dans l’espace en adaptation constante à notre environnement physique et mental. Cet Equilibre permanent ne peut exister que dans un déséquilibre total. Cela permet au corps de s’adapter aux conditions changeantes de l’espace et du temps. C’est ce que nous devons appliquer dans le monde du Juppô Sesshô par le travail des jambes.

Il devient dès lors évident que l’Equilibre n’existe que dans le déséquilibre permanent un peu comme celui que nous retrouvons dans les atomes qui constituent toutes choses dans l’univers. L’atome est équilibré en soi par le mouvement permanent de ses électrons. Si un autre atome le percute, il cherchera toujours à recréer un nouvel équilibre abandonnant son équilibre premier. Ce moment de l’échange, est en réalité un déséquilibre garantissant le maintien de son état d’équilibre.

La définition donnée au début qui stipulait que l’équilibre était une « égalité » « qui s’accomplissait sans contrainte extérieure » est donc incomplète. Elle sous-entend une réalité qui n’est valable que dans l’espace. Or dans le mouvement technique comme dans celui de l’atome on comprend maintenant que cette égalité est une inégalité. Car ce sont les contraintes extérieures qui déterminent notre Equilibre vrai.

En conclusion c’est le déséquilibre permanent qui garantit l’Equilibre de nos mouvements. Quand toutes les directions de déplacement sont possibles, le mouvement devient naturel et les jambes apportent une réponse toujours appropriée.

Equilibre : la somme des équilibres et des déséquilibres

Le sens des mots équilibre et déséquilibre permet de trouver le mouvement naturel dans l’Equilibre vrai.

Les arts martiaux sont souvent considérés comme un moyen d’être plus, ou mieux équilibré. L’équilibre est omniprésent dans toute pratique martiale. Mais avez-vous déjà réfléchi à la signification des termes « équilibre » et « déséquilibre » ? Les sous-entendus sont souvent plus intéressants qu’il n’y paraît à première vue.

Équilibre

Dans le travail quotidien des techniques du Bujinkan on parle souvent d’un concept le « Sanshin ». C’est un concept multiple qui peut s’appréhender à plusieurs niveaux au fur et à mesure que l’élève avance dans sa compréhension du mouvement.

J’aimerai ici aborder une approche un peu différente de ce système complexe en le rapprochant de l’esprit du Ten Chi Jin.

Nous savons que le Ten Chi Jin représente le Ciel, l’Homme et le Terre. Nous savons aussi que toute technique doit s’inscrire dans cette trilogie cosmologique. L’homme en effet, est debout sur la Terre et a la tête tournée vers le Ciel.

Cette interprétation commune donne un éclairage fantastique sur le travail que doit accomplir l’apprenti Ninja du Bujinkan pour accéder au mouvement Naturel.

Nous entendons parler souvent du mouvement Naturel mais il est toujours difficile de l’expliquer en termes simples.

Pour le comprendre il faut se souvenir de notre façon d’acquérir des connaissances. Cet apprentissage passe toujours par trois étapes que nous avons déjà définies dans un précédent article comme étant le Taihen (corps), Kûden (expérience) et le Shinden (esprit). Mais cette découpe colle aussi parfaitement au trinôme Ten Chi Jin.

Le premier niveau que doit atteindre le pratiquant est celui de la maîtrise physique, c’est le Chi (terre) ou Taihen. Le corps est brut et doit passer par une étape de polissage physique. A ce niveau, les mouvements doivent être simples et de grande amplitude.

C’est à ce niveau que le travail des postures très basses est primordial. Le corps est droit, les talons restent au sol. Les mouvements ne sont que mécaniques et permettent par leur répétition de transformer petit à petit le corps de l’élève et de le rendre capable d’accéder au niveau suivant. Le mental ne sert qu’à se concentrer sur la prise de conscience du mouvement. Les forces de blocage, poussée, attaque ne se font souvent que sur un seul plan à ce niveau.

Débarrassé des tensions du débutant, l’apprenti Ninja peut maintenant envisager du passer au second niveau, celui du Jin (homme) ou Kûden. A ce niveau les mouvements élémentaires ont été acquis, le mental est attentif, la conscience du mouvement apparaît. A ce niveau, le mouvement perd de l’amplitude et devient plus arrondi. Les actions de l’élève ne suivent plus forcément une ligne droite. Les membres deviennent « intelligents » en ce sens qu’ils commencent à bouger par eux-mêmes. Leur utilisation est plus élastique et plus dynamique.

La force brute est remplacée peu à peu par des mouvements plus toniques et absorbants. La coordination s’améliore elle aussi et permet des séquences de mouvement un peu plus compliquées. Le corps passe naturellement d’un plan à un autre, les angles s’opposent ou se complètent. Le mouvement apparaît alors pour lui-même. L’arme devient le prolongement naturel de notre corps.

Au niveau mental, on prend conscience de son corps dans toutes les directions de l’espace, la forme s’efface progressivement et un côté n’a pas plus de valeur qu’un autre. Notre conscience habite maintenant notre corps dans sa totalité. La forme que prend ou prendra le mouvement n’est plus le point important. Notre mental est maintenant monté d’un niveau et s’adresse aux causes premières de l’action. Il n’y a pas de réflexion mais une conscience élargie de la situation. On développe l’intelligence de la situation en intégrant naturellement et chaque jour un peu plus, les différents paramètres du Ten Chi Jin.

Au dernier niveau celui du Ten (ciel) ou Shinden, le mouvement devient véritablement naturel. Les formes d’apprentissage sont délaissées au profit d’une intelligence totale. Nous parvenons au développement graduel d’une vision globale de la réalité dans laquelle nous évoluons.

Notre corps se meut naturellement sans coller à une forme fixée dans un manuel. La latéralité disparaît elle aussi, tout est « bon » et rien n’est pensé. Le mouvement naturel est là et nous ne faisons que suivre les interactions créées par les intentions de l’adversaire. Il n’y a plus de technique car tout est devenu technique.

Quand Hatsumi Sensei répète à longueur de cours qu’il n’enseigne pas de technique, c’est exactement cela qu’il veut nous dire.

Le mouvement débarrassé des « obligations » et contraintes de l’apprentissage, s’exprime librement. La logique articulaire ou directionnelle n’existe plus. Nous pouvons bouger dans des directions opposées et à des niveaux physiques différents car c’est la nature qui « pilote » nos actions. Les actions sont multiples dans leur unicité. Tout est un et inversement. Dès lors, le mental qui nous a servi de support durant toutes ces années de dur travail devient inutile en tant que tel, un peu à la manière des étages d’une fusée envoyée en orbite.

Cette adaptation naturelle de notre être (corps/esprit) naissante devient capable de produire une force exactement contraire à celle qui est reçue.

A l’état normal, nous appliquons des forces démesurées de façon inopportune. Quand vous portez un verre de 100 grammes à vos lèvres, êtes-vous capable de ne mettre que 101 grammes de force pour le porter ? Non.

Mais en arrivant au troisième niveau cette capacité devient réalité. Nous assistons dans le Ten à une fusion totale du corps et de l’esprit. Tout est un.

Maintenant que nous avons brossé un tableau de progression souhaitable de votre pratique du Ninjutsu, vous comprenez pourquoi les mouvements au départ mécaniques dans leur réalité deviennent de plus en plus éthérés et parfois même inexistants.

Mais il ne faut pas confondre le début avec l’arrivée et cette progression longue et douloureuse, faite de sueur et de peine est nécessaire pour progresser. On ne peut malheureusement pas passer directement au troisième niveau de ce Sanshin. Quand on monte un escalier, il faut monter étage par étage. Il est déconseillé de brûler les étapes. C’est encore plus vrai quand on descend l’escalier. Si vous essayez de passer du 10° étage au premier d’un bond, il y a fort à parier que la réception sera douloureuse voire fatale !

L’apprentissage est long et c’est ce qui fait sa valeur. Si nous résumons tout cela, nous pouvons dire que le Chi sert à polir le corps et le mental par une concentration délibérée sur la qualité du geste. Le corps tire l’esprit.

Au second niveau, celui du Jin, il faut inverser cela. L’esprit renforcé par le premier niveau tire le corps vers une direction supérieure.

Au troisième niveau le Ten, nous arrivons à la fusion totale des deux. Ni l’esprit ni le corps ne dirigent. Nous bougeons comme un tout corps/esprit sans distinction.

Ces trois niveaux d’évolution du Sanshin Ten Chi Jin amènent l’apprenti Ninja à la compréhension du San Jigen no Sekai.

Mais arrivé à ce stade, un nouveau niveau s’ouvre à lui celui du Yûgen no Sekai ou tout est un dans les trois dimensions de l’espace et de temps. Le pratiquant dépasse la forme du non forme.

C’est à ce niveau que les grands maîtres du passé étaient arrivés et c’est pourquoi ils évoluaient vers une compréhension plus spirituelle de leur art. La spiritualité sincère révélée par la pratique permet à l’être arrivé, de continuer son apprentissage dans une dimension ne relevant plus de notre monde manifesté. Et seuls les très rares pratiquants ayant accès à ce niveau sont capables de le comprendre. A cet ultime degré d’évolution tout est mouvement.

Pour prendre une analogie cinématographique, vous devenez capable non seulement de lire la matrice mais aussi de la comprendre de l’intérieur. Le Omote et le Ura ne font qu’un. Vous faites partie de l’Univers en conscience et non plus en pensée.

Pour finir j’aimerai citer quelques phrases de Jet Li, lues récemment il y donne aussi un Sanshin pour la pratique : « au premier niveau vous apprenez à maîtriser les armes de telle façon qu’elles ne fassent qu’un avec votre corps (..). Au second niveau votre cœur/esprit devient une arme et peut stopper l’ennemi avant que le combat ne commence (...). Au troisième niveau, même le cœur/esprit n’est plus une arme. Pas d’arme et pas de cœur/esprit, pas de volonté. L’adversaire devient vous-même. Quand il attaque, il se frappe lui-même (...) c’est quelque chose qui se situe au-delà du Yin et du Yang. Il n’y a plus de point de référence (...). C’est l’idée générale, mais je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui ai atteint ce niveau ... peut-être se cachent-ils dans les montagnes ». (Tiré d’une interview dans Shambhala Sun, numéro de septembre 2004)

J’ai trouvé ce texte très intéressant et c’est pourquoi j’ai voulu le partager avec vous. Pour ceux qui ne le savent pas, Jet Li est un pratiquant Bouddhiste assidu depuis de nombreuses années et à mon sens, l’un des meilleurs pratiquants d’arts martiaux au monde.

Dans son approche, le premier niveau est notre second niveau et son troisième niveau (Pas d’arme et pas de cœur/esprit, pas de volonté) est ce niveau supérieur décrit ci-dessus et que nous appelons le Yûgen no Sekai.

Cela prouve bien l’existence de 4 niveaux, trois de nature similaire et un quatrième au-delà de notre système normal de perception. Mais ce Yûgen ne peut s’atteindre que lorsque vous avez acquis les trois premiers, pas avant.

La pratique continue de l’art martial -Keep Going ! comme dirait Hatsumi Sensei- nous permettra un jour peut-être, d’atteindre à ce niveau d’exception. Ayez cela comme but dans votre pratique mais ne vous perdez pas dans des chemins « ésotérico-mystico-gélatineux » plus souvent générateurs d’illusions et d’erreurs que de réelles avancées spirituelles.

Comme le dit Saint Exupéry dans « Citadelles », « ce n’est pas le but qui importe sur le chemin mais les obstacles que nous avons du dépassé pour y arriver ».

Bonne continuation et bienvenue dans cette nouvelle année de pratique.

Dans le travail quotidien des techniques du Bujinkan on parle souvent d’un concept le « Sanshin ». C’est un concept multiple qui peut s’appréhender à plusieurs niveaux au fur et à mesure que l’élève avance dans sa compréhension du mouvement.

J’aimerai ici aborder une approche un peu différente de ce système complexe en le rapprochant de l’esprit du Ten Chi Jin.

Arrêtez de critiquer et mettez-vous au travail !

Estelle Padeloup dirige son propre Dôjô mais continue à venir s’entraîner à Vincennes tous les vendredi. Pour résumer son article on pourrait dire : "un pilote est validé par ses heures de vol et non pas par le nombre d’années de licence". A lire absolument. Arnaud Cousergue

J’ai voulu écrire cet article pour les pratiquant d’Arts Martiaux mais aussi pour moi-même, car nous sommes tous concernés.

Prétendre pratiquer un art martial et se vanter de la durée de sa pratique relève uniquement de l’ego et n’est pas la marque du vrai pratiquant. La seule chose dont vous pouvez faire état, c’est le temps que vous avez passé sur le Tatami à vous entraîner réellement.

Penser que 2 heures par semaine sur une période 10 ou 20 ans fait de vous un vrai pratiquant d’arts martiaux n’est qu’une pure illusion. Vous ne pouvez pas sincèrement prétendre cela. Un vrai pratiquant sait que le fait de s’engager dans cette voie demande une très grande motivation et une implication personnelle qui va au-delà du simple loisir.

Dans tous les arts martiaux on vous dira que la pratique vous fait évoluer techniquement et moralement. Cela implique que vous devez vous comporter dans la vie comme dans votre pratique, c’est-à-dire en suivant les mêmes règles morales.

Dans le code d’honneur du Bushidô, ces règles morales sont les suivantes :

- juste décision (Gi),
- bravoure (Yû),
- bienveillance (Jin),
- comportement juste (Rei),
- sincérité (Makoto),
- honneur (Meiyo),
- loyauté (Chûgi),

Comme vous le voyez, il n’y a pas de techniques secrètes, ce n’est qu’un ensemble de sentiments nobles.

Malheureusement la plupart d’entre nous, avons perdu cette noblesse. On s’en aperçoit dès qu’un élève promu au rang de ceinture noire, quitte le Dojo pour ouvrir le sien. Devenu « professeur », il se permet, à ce titre, de critiquer celui avec lequel il a commencé et qui lui a permit d’accéder à une certaine connaissance.

Le pire c’est que ces personnes, que je ne peux plus appeler pratiquants, croient en savoir assez pour enseigner. Souvent même, ils se prennent pour des « grands maîtres » et estiment ne plus devoir s’entraîner.

Etre un Ninja parce que vous lancez des Shuriken, faites des courses d’orientation, de l’escalade fait simplement de vous un sportif moyen. Avoir la ceinture noire (Shodan), signifie uniquement que vous êtes prêt à commencer le véritable apprentissage. Arrêtez les futilités et les pièges de l’orgueil.

Si vous pensez que votre valeur ne dépend que de la hauteur de votre grade et que cela fait de vous le seul détenteur de la vérité, alors vous vous illusionnez et vous perdez votre temps. La voie martiale choisie : Bujutsu, Ninpô Taijutsu, Aikijutsu ou autre, vous oblige à un certain respect vis à vis de la pratique, du professeur et de vos anciens (loi Kohai Sempai).

La voie choisie vous oblige à exceller, à toujours vous remettre en question, à rechercher le mouvement parfait.

Dans votre Dôjô vous ne côtoyez que des personnes de connaissance et vous perdez plus de temps à critiquer les autres Dôjô qu’à vous entraîner. Le meilleur moyen pour progresser est de sortir du Dôjô. Il est enrichissant d’aller voir ce qui ce pratique ailleurs pour échanger et pour apprendre. En pratiquant toujours avec les mêmes personnes on ne prend aucun risque. Notamment celui de s’apercevoir que notre niveau n’est pas aussi élevé que nous le pensions.

Si vous êtes seul, rien ne vous empêche de travailler les roulades, les postures, les attaques de poing ou les coups de pieds. Il faut travailler bas sur les jambes car c’est un travail trop souvent négligé. Les techniques de Bô, de Yari, de Naginata ou de Bokken peuvent aussi se travailler seul.

Le niveau ne se limite donc pas à quelques heures par semaine sur une période de temps donnée. On passe sa vie à s’entraîner et il n’y a pas de fin.

Ce qui me déplait le plus c’est l’attitude générale de soi-disant pratiquants qui oublient trop vite par où ils sont passés et comment ils ont commencé.

Je considère qu’à partir du moment où l’on commence à dénigrer les autres pratiquants, on perd son énergie à déplacer du vent, plutôt qu’à se concentrer sur la pratique. Regarder toujours vers le passé ne fait pas avancer et encore moins évoluer !

Comme cela est exprimé dans le Juppô Sesshô, thème de cette année : il faut développer notre Dôjô intérieur (Kokoro, le cœur), nous devons être la lumière qui éclaire les autres mais ne pas chercher à être cette lumière.

Mon seul conseil est de pratiquer toujours avec sincérité, avec courage sans s’économiser et de respecter ceux qui vous entourent car c’est avec eux que vous vivez.

Bibliographies : « Second book, play it to the bone » de Sveneric Bogsater. "BUDO, L’esprit des arts martiaux" de Michel Coquet « Essence du Ninjutsu » de Maître Hatsumi Masaaki

Arrêtez de critiquer et mettez-vous au travail !

Estelle Padeloup dirige son propre Dôjô mais continue à venir s’entraîner à Vincennes tous les vendredi. Pour résumer son article on pourrait dire : "un pilote est validé par ses heures de vol et non pas par le nombre d’années de licence". A lire absolument. Arnaud Cousergue

J’ai voulu écrire cet article pour les pratiquant d’Arts Martiaux mais aussi pour moi-même, car nous sommes tous concernés.