Juste une mise au pointSoumis par bjkf le 24 octobre, 2003 - 01:00 |
Arrêtez de critiquer et mettez-vous au travail !
Estelle Padeloup dirige son propre Dôjô mais continue à venir s’entraîner à Vincennes tous les vendredi. Pour résumer son article on pourrait dire : "un pilote est validé par ses heures de vol et non pas par le nombre d’années de licence". A lire absolument. Arnaud Cousergue
J’ai voulu écrire cet article pour les pratiquant d’Arts Martiaux mais aussi pour moi-même, car nous sommes tous concernés.
Prétendre pratiquer un art martial et se vanter de la durée de sa pratique relève uniquement de l’ego et n’est pas la marque du vrai pratiquant. La seule chose dont vous pouvez faire état, c’est le temps que vous avez passé sur le Tatami à vous entraîner réellement.
Penser que 2 heures par semaine sur une période 10 ou 20 ans fait de vous un vrai pratiquant d’arts martiaux n’est qu’une pure illusion. Vous ne pouvez pas sincèrement prétendre cela. Un vrai pratiquant sait que le fait de s’engager dans cette voie demande une très grande motivation et une implication personnelle qui va au-delà du simple loisir.
Dans tous les arts martiaux on vous dira que la pratique vous fait évoluer techniquement et moralement. Cela implique que vous devez vous comporter dans la vie comme dans votre pratique, c’est-à-dire en suivant les mêmes règles morales.
Dans le code d’honneur du Bushidô, ces règles morales sont les suivantes :
- juste décision (Gi),
- bravoure (Yû),
- bienveillance (Jin),
- comportement juste (Rei),
- sincérité (Makoto),
- honneur (Meiyo),
- loyauté (Chûgi),
Comme vous le voyez, il n’y a pas de techniques secrètes, ce n’est qu’un ensemble de sentiments nobles.
Malheureusement la plupart d’entre nous, avons perdu cette noblesse. On s’en aperçoit dès qu’un élève promu au rang de ceinture noire, quitte le Dojo pour ouvrir le sien. Devenu « professeur », il se permet, à ce titre, de critiquer celui avec lequel il a commencé et qui lui a permit d’accéder à une certaine connaissance.
Le pire c’est que ces personnes, que je ne peux plus appeler pratiquants, croient en savoir assez pour enseigner. Souvent même, ils se prennent pour des « grands maîtres » et estiment ne plus devoir s’entraîner.
Etre un Ninja parce que vous lancez des Shuriken, faites des courses d’orientation, de l’escalade fait simplement de vous un sportif moyen. Avoir la ceinture noire (Shodan), signifie uniquement que vous êtes prêt à commencer le véritable apprentissage. Arrêtez les futilités et les pièges de l’orgueil.
Si vous pensez que votre valeur ne dépend que de la hauteur de votre grade et que cela fait de vous le seul détenteur de la vérité, alors vous vous illusionnez et vous perdez votre temps. La voie martiale choisie : Bujutsu, Ninpô Taijutsu, Aikijutsu ou autre, vous oblige à un certain respect vis à vis de la pratique, du professeur et de vos anciens (loi Kohai Sempai).
La voie choisie vous oblige à exceller, à toujours vous remettre en question, à rechercher le mouvement parfait.
Dans votre Dôjô vous ne côtoyez que des personnes de connaissance et vous perdez plus de temps à critiquer les autres Dôjô qu’à vous entraîner. Le meilleur moyen pour progresser est de sortir du Dôjô. Il est enrichissant d’aller voir ce qui ce pratique ailleurs pour échanger et pour apprendre. En pratiquant toujours avec les mêmes personnes on ne prend aucun risque. Notamment celui de s’apercevoir que notre niveau n’est pas aussi élevé que nous le pensions.
Si vous êtes seul, rien ne vous empêche de travailler les roulades, les postures, les attaques de poing ou les coups de pieds. Il faut travailler bas sur les jambes car c’est un travail trop souvent négligé. Les techniques de Bô, de Yari, de Naginata ou de Bokken peuvent aussi se travailler seul.
Le niveau ne se limite donc pas à quelques heures par semaine sur une période de temps donnée. On passe sa vie à s’entraîner et il n’y a pas de fin.
Ce qui me déplait le plus c’est l’attitude générale de soi-disant pratiquants qui oublient trop vite par où ils sont passés et comment ils ont commencé.
Je considère qu’à partir du moment où l’on commence à dénigrer les autres pratiquants, on perd son énergie à déplacer du vent, plutôt qu’à se concentrer sur la pratique. Regarder toujours vers le passé ne fait pas avancer et encore moins évoluer !
Comme cela est exprimé dans le Juppô Sesshô, thème de cette année : il faut développer notre Dôjô intérieur (Kokoro, le cœur), nous devons être la lumière qui éclaire les autres mais ne pas chercher à être cette lumière.
Mon seul conseil est de pratiquer toujours avec sincérité, avec courage sans s’économiser et de respecter ceux qui vous entourent car c’est avec eux que vous vivez.
Bibliographies : « Second book, play it to the bone » de Sveneric Bogsater. "BUDO, L’esprit des arts martiaux" de Michel Coquet « Essence du Ninjutsu » de Maître Hatsumi Masaaki